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Je suis né il y a bientôt un demi siècle à Tunis, né dans une culture Italiano-Française de souche Sicilienne ; et dans l'espace d'une demi-vie humaine, je me suis retrouvé de la culture de l’insouciance à la culture de l’approximatifs pseudo-rationnel. Je suis né à une époque ou les bouleversements semblaient déjà se produire dans « l’ailleurs » c’est à dire hors de mon champ de perception immédiate. En cette magnifique année de 1957, Claudia Cardinale est Élue " la plus belle femme italienne de Tunisie, Habib Bourguiba de part l’indépendance de ce pays devient président de la Tunisie et nous vivions avec ma famille dans ce beau pays avec une certaine insouciance des réalités qui agitais le reste de l’Europe. Et puis, le monde c’est interpénétré, ou du moins condensé comme une vague qui reflue, et je me suis soudainement trouvé au milieu des années 60 à Lyon. Je me suis trouvé moi-même et mes parents, comme flottant à la dérive dans cette nouvelle ère ; nous n'en faisions pas partie, engloutis par sa marée envahissante, comme des captifs tournant en rond dans un décor sans proportion, sans repères apaisants, presque honteux de notre culture « pieds noires », incertains de notre personnalité et de ce vers quoi nous allions. Toute ma vie s'est trouvée dorénavant reprise, orientée, confrontée elle-même par ce déracinement. Il a fallu que je me demande qui j'étais, et qui je devais devenir pour arriver à suivre ce monde nouveau qui s'offrait à moi. Comment réconcilier en moi l'Orient et l'Occident ? Ce passé qui remontait en marge de l'Afrique, les études d’architecture, d’art, de sciences humaines définie et rationnelles que j'avais entreprises pour devenir une image du parfait architecte occidental que je suis d'ailleurs apparemment devenu ?. Pendant quelques brèves années, j'ai connu les miens (ma vaste famille Italienne) vivant d’une vie simple et traditionnelle, alors qu'il y avait encore de la dignité à faire les choses simplement. Je les ai connus quand ils avaient une confiance tacite dans leurs familles et qu'ils avaient une certaine notion de ce qu'était le cheminement de leur vie. Malheureusement, ils vivaient dans l'agonisante énergie d'une culture qui perdait graduellement son élan vital. Nous n'avons pas eu le temps de nous ajuster à l’accroissement brutal qui nous emportait ; il semble que nous ayons perdu ce que nous avions sans que cela soit remplacé. Nous n’avons pas eu le temps d'aborder le progrès du 20e siècle, petit à petit, ni de le digérer. Alors commence la recherche d’un espace « ressemblant » à ce que nous avions perdu. Lyon, Nice, Cannes puis enfin Paris, avec ses diversités, ethnique, culturelles, sociales, et artistiques. Paradoxalement c’est là que j’ai enfin étudié et retrouver mes racines. C’est dans le cadre d’études diverses, comme l’art, l’architecture, les sciences humaines que j’ai pu redécouvrir ce qui était enfoui au plus profond de mon être. Cette culture empilée dans mes gènes depuis plusieurs générations. C’est de mes études que j’ai découvert que mon pays de naissance réunissait la synthèse de civilisations diverses, ce pays qui m’a reçu l’or de ma naissance, s'est toujours distinguée par l'intensité de son activité culturelle et son apport à la civilisation universelle. Les témoignages d'un passé prestigieux que sont les sites et les musées dont la ce pays est si riche ne peuvent que conforter une vocation dans les métiers de l’Art. Aujourd’hui je revendique ce passé, cette culture de « l’huile d’Olive », avec cette sensibilité, cette perception Plastique, ces formes opulentes, son vocabulaire imagé et sa Générosité. Cette profondeur, aujourd’hui je la mets au service de mon Art, non pas comme une finalité en soi, mais plutôt comme un héritage à transmettre.